Au-delà des mots...

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Regarder le monde

samedi 17 février 2018

Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée

Commencer ce petit billet sur les portes (parfois cochères) par une citation d'Alfred de Musset, vous avouerez que cela augure bien d'une suite d'un savoir incommensurable.
Sincèrement, pas faux !
Et puis cela masquera peut-être la pauvreté de mon vocabulaire en grammaire des portes (ben oui on dit comme ça !).
Cette curiosité très saine a commencé très tôt. Parisienne à une époque où l'on gardait la voiture au garage pour les vacances, j'ai multi-arpenté les rues de Paris, noires de suie (pensez, j'ai même connu les Halles, c'est dire que je suis tout à fait cacochyme), sans code à composer, avec des portes, n'importe lesquelles, qui s'ouvraient, bonnes filles, sur des artisans qui se contre-tamponnaient de la beauté des lieux, pourvu que l'espace soit là et la possibilité d'accueillir les clients (donc avec des portes ouvrables...).
Armée de L'OUVRAGE indispensable à l'arpenteur, j'ai nommé le Dictionnaire historique des rues de Paris (béni soit Jacques Hillairet), numéro par numéro de rue (un certain nombre à Paris...), je flâne, je pousse, je renifle, je traverse les siècles, j'apprends ce que je ne vois pas.
C'est délicieux une porte : ouverte, c'est l'invitation ; fermée, c'est l'invitation... à la curiosité (trou de serrure !) !
Plus tard un surdoué nommé André Malraux, notoirement sans scrupule pour tout ce qui pouvait se piquer, statuettes, idées, feint le génie (oui, l'idée n'est pas la sienne) : si on nettoyait tout ça...
Vous connaissez la suite : si on virait les artisans de Paris (et les ouvriers), noble idée des Tiberi et Chirac, si la plèbe allait voir ailleurs si l'herbe n'est pas plus verte et, au cas où elle reviendrait, cette lie, si on flanquait des codes partout pour se protéger.
Bon, du coup j'ai fait histoire-géo parce que faut pas déconner.
Quelques décennies plus tard (je survole sinon c'est plus un billet), j'ai un peu fréquenté les chevaux et parfois suis même payée pour ça.
Mais les temps avaient changé... Et aujourd'hui, même pour faire une misérable photo de façade il faut montrer sabot blanc (ou balzane blanche). Quant à rentrer, munie d'un appareil photo qui plus est, alors là c'est l'émeute, alarmes qui sonnent, menaces d'appeler la police (non montée).
Mais c'est sans compter sur l'effet CHEVAL.
Mon truc : expliquer que je ne viens pas pour l'argenterie mais que là, la fontaine, là, pardon, regardez, elle abreuvait les chevaux et que là, c'était une écurie (on est en plein Paris) et c'est du 100 %... tout change. Parce qu'à votre interlocuteur renfrogné, vous apportez du rêve, des odeurs, une effervescence qu'il ignorait. Et celui qui allait m'embastiller appelle un voisin et je répète, je raconte et le temps s'arrête.
Et on me donne des numéros de tél de syndics, des tuyaux pour appeler le concierge de l'ambassade X... ("C'est mon cousin, racontez-lui").
Effet CHEVAL vous dis-je...
Alors finalement je ne vais pas vous enquiquiner avec la grammaire des portes (mais oui, 2), qu'elles soient prétentieuses, monumentales, bouffies, faussement discrètes, qu'elles appartiennent à des hôtels particuliers, d'anciens relais de poste (partout en France), à des granges (partout en France). 
Moi, elles m'émeuvent, me bousculent, m'intriguent, me font chavirer.
En gros, une seule rue peut me prendre... une journée.
Le cheval était là, je le sais, je le vois encore, à un détail, à une monumentalité.
Et cette histoire-là ne laisse personne indifférent. Pourvu qu'on prenne le temps de la raconter.

A lire
TOUT M. Hillairet.
La grammaire des portes de Paris, Claude Mignot, Parigramme
Les plus belles portes de Paris, Jean-Marc Larbodière, Massin

A relire
Nana, d'Emile Zola, notamment le passage où elle va aux courses, environnée de four-in-hand, de mails-coaches, de victorias, coupés, landaus, et donc de chevaux... (Il fallait bien loger tout cela...).
Et la joie de cette "cocotte" quand elle devient propriétaire de chevaux et qu'elle a enfin SON cocher...

A visiter
Le musée de la porte et de la ferronnerie, Pézenas

Fontaine/abreuvoir, derrière (!) une porte (Paris)


Hôtel particulier, Paris

Librairie Hatier...

No comment...

Cour dite de l'Etrier, Louvre. Derrière l'ancien manège.

Sur les quais (de Paris)

Rue Vieille-du-Temple, Paris

Sortie latérale du Grand Palais

LE temple : les écuries de Chantilly

Haras de Rodez

Haras de Rodez (de dos, JC Adelin)

Haras de Rodez, suite

Et presque fin

Rodez, fin !

Je ne sais plus où mais sublime

Caylar, Hérault

Orléans, Loiret

Saint-Martin de Londres, Hérault

Ô Toulouse

Ô Toulouse 2

Ô Toulouse 3

2 commentaires:

  1. Entre les portes, les anneaux de chevaux, .... et bientôt les bouteroues, on n'est pas au bout de nos peines ..

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