Au-delà des mots...

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Regarder le monde

samedi 10 février 2018

Sculpteurs du Moyen Âge, tas de fainéants !

La preuve, à Saint-Benoît sur Loire, il y a un chapiteau (Les quatre cavaliers de l'Apocalypse, Le livre des sept sceaux) où ils n'ont même pas fini le boulot !







Je m'explique : la pierre d'un chapiteau correspond, par sa taille, à une norme qui va s'appliquer à tout l'ensemble architectural (ici, en l'occurrence, un porche).
Pas plus, pas moins.
Avouez que caser quatre chevaux, leurs cavaliers, des personnages, un agneau, c'était pas gagné d'avance !
Mais merveille des merveilles, un artisan avait tous les droits, pourvu que globalement la figuration sacrée soit figurée. Et donc, d'y aller soit d'une entourloupe (la perspective), soit d'un à-peu-près mais bon, ça passera.
Sur ce chapiteau qui fait mon absolu ravissement à chaque retrouvaille (plusieurs fois par an depuis des lustres), l'artisan a donc détaillé deux chevaux et deux cavaliers (premier plan), avec un luxe formidable de détails (les regards, les étriers, les drapés, les rênes) et casé comme il pouvait des bouts des deux autres (enfin, quatre si on compte les cavaliers et les chevaux).
Au fond, le compte est bon, bidouillé, merveilleux depuis mille ans (rien que ça !). 
Selon un spécialiste, on y voit donc le cavalier rouge-feu avec sa grande épée, le cavalier noir tenant la balance, le cavalier verdâtre, la mort.
Quid du quatrième ?
J'y vois, j'y ressens cette main, cet homme (plus que probablement) qui s'est dit : "Ben, tiens, ça ira bien comme ça. De toute façon une fois que ce sera là haut, ils n'y verront que du feu (sacré !)"
Et c'est vrai parce qu'il faut vraiment connaître l'histoire de ce chapiteau pour voir... qu'il est drôlement bidouillé !
Et, oui, ça va bien comme ça, au-delà du réel... 
In saecula saeculorum...

2 commentaires:

  1. les 4 cavaliers de l’apocalypse selon st Jean : le cavalier sur un cheval blanc doté d’un arc (le pouvoir, la conquête), le cavalier sur un cheval rouge feu brandissant une grande épée (la guerre), le cavalier sur un cheval noir tenant une balance (l’inégalité de la répartition des ressources/la famine), le cavalier sur un cheval pâle/verdâtre (la mort)

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  2. Y'a des lecteurs drôlement érudits !
    Très flattée !

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